Apolline Isnard
Dès ses débuts en studio, Apolline a eu envie d’expérimenter la lumière et de s’approprier un set après de nombreux essais. L’idée des fleurs est née à l’école Spéos, lors d’un projet de nature morte « Artistic Still Life ». Même si le sujet semblait vaste, le thème des fleurs s’est imposé à elle comme une évidence. Depuis l’enfance, elle est fascinée par leur diversité, leurs formes uniques, leurs textures et leurs couleurs – parfois classiques, parfois étranges et intrigantes.
En studio, elle a trouvé le moyen de les isoler, de les extraire de tout contexte, pour les photographier comme des sujets à part entière. Elle choisit le fond, la lumière, l’angle : elle peut en faire la véritable « star » de l’image. Elle a voulu les montrer de près, sur fond uni rétro-éclairé, afin de plonger le spectateur au cœur de leurs détails.
Très vite, le noir et blanc s’est imposé. En ôtant la couleur – premier élément auquel on associe la fleur – elle voulait contraindre le regard à dépasser l’évidence. Une fleur, ce n’est pas seulement sa couleur : c’est avant tout une structure, une matière, un dessin naturel fascinant. Le noir et blanc permet de mettre en avant ses formes et ses textures, parfois jusqu’à troubler la perception : est-ce vraiment une fleur, ou une structure abstraite ? Elle aime cette part de déstabilisation, qui amène à regarder autrement.
Ses inspirations incluent bien sûr des figures majeures comme Karl Blossfeldt ou Robert Mapplethorpe. Mais si Blossfeldt cherchait une rigueur presque scientifique, et Mapplethorpe une sensualité dramatique et métaphorique, son approche est différente. Elle traite la fleur comme une icône visuelle, presque comme un portrait de mode ou un packshot de luxe. Le cadrage frontal, le contraste fort et le fond uni rappellent autant l’univers de la photographie de magazine que celui de la galerie. Elle détourne la fleur de son registre habituel – botanique ou symbolique – pour la placer dans un espace plus contemporain, pop et graphique.
Ainsi, son travail se situe à la croisée de plusieurs influences : il emprunte à la rigueur formelle, à la force plastique, mais pour aboutir à une image qui pourrait se trouver autant sur un mur de galerie que dans un magazine de luxe.