Fiona Faivre est née à Chalon-sur-Saône, lieu de naissance de la photographie, en 1998. Elle intègre l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et en sort diplômée en 2023. Elle réalise une recherche sur le vernaculaire qui porte sur sa place dans le milieu de l’art, son potentiel évolutif en tant qu’œuvre ou archive, enfin sa légitimité dans le milieu.
Son travail se concentre autour de trois acteurs clés du vernaculaire et plus généralement du système de l’art : le curateur, l’artiste et le collectionneur. Il s’agit de réfléchir autour de protocoles qui donnent à voir une image qui n’a pas sa place en tant qu’œuvre.
Fiona vient s’intéresser à ce phénomène et à la question que Walter Benjamin appelle “l’aura”, “l’ici et maintenant des œuvres d’art”. Dans sa série Une parmi d’autres, dans l’exposition In Principio, elle s’intéresse aux dix reproductions que son père possède chez lui: des Klimt, Modigliani, Vermeer… qu’elle vient photographier en Polaroid. On voit ces œuvres mythiques, entourées d'objets du quotidien dans un cadre familial. Ces œuvres qui ont été reproduites par milliers prennent alors une saveur particulière, celle du souvenir et de l’intime. Le regard de Fiona Faivre sur la vie personnelle de son père est émouvant et personnel. Ici, les œuvres reproduites deviennent uniques, l’aura reprend de la place dans cette série, et l'œil de Faivre vient (re)questionner la place de ces œuvres et reproductions.
Comment donner à voir ces images ? Elle rend visible une image sans valeur, une image qu’on regarde sans voir grâce à des dispositifs participatifs ou immersifs. Fiona cherche à réaliser des protocoles ou dispositifs qui font obstacle à l’image présentée. Par obstacle, il s’agit de réfléchir à un système qui vient perturber le regard dans sa lecture directe à l’image, un moyen de créer une forme de retard à la lisibilité.
Fiona Faivre approche cette série avec humour, et pose ces questions de manière décalée. Aujourd’hui Klimt existe sur des mugs de cuisine, dans des carnets, des posters, des magnets. Alors dans la cuisine de son père, l'artiste a grandi avec des œuvres inestimables, en les regardant de près tous les jours. Alors sans prétention, l’art est un théâtre où chaque acteur jouerait son propre rôle.